UFC-Que Choisir de l'Ardèche

Coronavirus Confiné avec un malade, comment faire ?

Un membre de votre famille a été diagnostiqué porteur du coronavirus et est confiné à domicile ? Quelques précautions supplémentaires sont à respecter.

 

Prendre ses distances avec autrui, c’est une des principales recommandations à respecter pour freiner la propagation du coronavirus. Mais le confinement impose au contraire de côtoyer étroitement ses proches. Compliqué à gérer si l’un d’entre eux est atteint de la maladie Covid-19. Quelques précautions permettent sinon d’éviter à coup sûr la transmission intrafamiliale, du moins de mettre toutes les chances de son côté.

Isoler le malade

« La priorité va être de protéger les membres de la famille éventuellement à risque : si certains sont très âgés ou souffrent de maladies chroniques, notamment de pathologies pulmonaires, cardiaques ou de diabète, l’idéal serait de les envoyer vivre ailleurs », conseille le Dr Pierre Parneix, médecin de santé publique et d’hygiène hospitalière au Centre hospitalier universitaire de Bordeaux. D’une manière générale, « la première chose à faire si le logement le permet, c’est de réserver des pièces spécifiques au malade : chambre, toilettes, salle de bains », précise-t-on à la Direction générale de la santé (DGS). La chambre réservée à la personne infectée pourra aussi lui servir de salle à manger : on lui apportera un plateau pour éviter les occasions de contamination difficilement évitables en cas de repas pris en commun. Et on évitera les allers-retours trop fréquents vers cette pièce. Si le logement ne permet pas une telle séparation, il faut redoubler de vigilance sur l’application des gestes barrières et la désinfection des espaces communs. Par ailleurs, lorsqu’il fréquente ces derniers, le malade doit porter un masque chirurgical voire un masque fait maison.

Aérer le logement

Encore plus qu’en temps normal, l’aération est un geste santé à adopter au quotidien. En l’occurrence, elle doit durer au moins un quart d’heure trois fois par jour. Plus si le temps le permet.

Laver et désinfecter l’environnement

« L’enjeu majeur est la contamination indirecte, aussi faut-il gérer intelligemment l’environnement et tout ce qui est partagé, explique le Dr Pierre Parneix. Par exemple, le malade infecté doit être celui qui prend sa douche en dernier et ensuite il convient de désinfecter la salle de bains. » La serviette de toilette du malade sera tenue à l’écart. « De même chaque fois qu’il passe aux toilettes ou qu’il touche une poignée de porte, on lavera, puis désinfectera ce qu’il a touché. S’il est obligé de manger dans la même pièce que les autres, lavage et désinfection soigneux des surfaces comme la table ou le plan de travail s’imposent après chaque repas. »

Avec quel produit ? L’eau de Javel a fait ses preuves contre les virus. Une dilution à 0,1 % est efficace et permet de limiter la corrosion des surfaces mais il faut laisser le produit agir 1 minute avant de rincer. Le produit est donc à diluer selon le pourcentage d’hypochlorite de sodium indiqué sur le flacon. Sur les surfaces ne supportant pas l’eau de Javel, on peut utiliser de l’alcool à 70°. Le vinaigre blanc a-t-il prouvé son efficacité ? Non, répond la Direction générale de la santé. Chez Briochin, fabricant de produits ménagers traditionnels, on abonde : « Nous n’avons pas fait de tests virucides donc on ne sait pas. Ce serait survendeur de notre part de le prétendre. » Et l’Association française des industries de la détergence de préciser que si le pouvoir de désinfection n’est pas clairement annoncé sur l’étiquette d’un produit – cette allégation prouvant qu’il a été testé selon les normes internationales – il ne peut prétendre à cette action.

Laver linge et vaisselle à 60 °C

Une température de 60 °C détruit le virus. Concernant le linge, il faut laver souvent les draps. Attention à leur manipulation : selon le Haut conseil de santé publique (HCSP), « le déshabillage du lit ou la manipulation du linge est une intervention à risque d’aérosolisation [de dispersion des particules dans l’air, ndlr] bien connue pour de nombreux microorganismes ». Il faut donc agir avec délicatesse en évitant de secouer les draps et les mettre sans plus attendre au lave-linge, sans les plaquer contre soi. Les vêtements du malade feront aussi l’objet de lessives séparées. Ceux qui ne supporteraient pas un lavage à 60 °C peuvent être laissés dans un sac fermé en lieu sûr (balcon, cagibi). Comme on ne sait pas encore tout de la persistance du virus, cette mise à l’écart du linge devra durer « de nombreux jours » d’après la DGS.

Pour la vaisselle également, choisir un cycle à 60 °C. Si l’on n’a pas de lave-vaisselle, laver à l’eau très chaude, désinfecter à la Javel diluée et rincer abondamment.

Préférer le lavage humide à l’aspirateur

Pour le nettoyage des sols, selon le HCSP, « l’usage d’un aspirateur mobilise des particules sur lesquelles des microorganismes se sont déposés et les aérosolise ». Préférez donc une serpillère pour le lavage puis la désinfection et enfin le rinçage. Concernant la chambre, le HCSP recommande un temps de latence d’au moins 3 heures entre la manipulation des draps et le lavage du sol pour que les particules dispersées dans l’air aient le temps de retomber sur le sol.

Respecter scrupuleusement les gestes barrières

Bien entendu, le malade et les autres membres de la famille doivent respecter encore plus scrupuleusement les gestes barrières. Le lavage des mains en particulier avec du savon ou du gel hydroalcoolique doit être fréquent et soigneux. On peut les essuyer soit avec une serviette à usage unique (ou essuie-tout) soit avec une serviette éponge mais dans ce cas, en réserver une à chaque membre de la famille et les laver fréquemment. Cette précaution vaut d’ailleurs qu’il y ait ou non un malade dans le logement.

Fabienne Maleysson.

27 mars 2020

Coronavirus – L’épidémie propice aux arnaques

À la une de l’actualité depuis plusieurs semaines, le coronavirus fait l’objet d’arnaques, sur Internet mais aussi à domicile. Les pouvoirs publics se sont emparés du sujet et essaient d’endiguer ces phénomènes, multiples.

 

La situation liée à la propagation du coronavirus évolue très rapidement, les mesures de confinement annoncées par le président de la République en attestent. Les escrocs, qui suivent l’actualité comme le lait sur le feu, s’adaptent au jour le jour.

VENTES FRAUDULEUSES SUR INTERNET

Si la vente en ligne de masques périmés, à des prix abusifs ou inefficaces s’est résorbée ces derniers jours, elle continue de sévir sur certains sites. Save-protect.fr vous invite par exemple à vous protéger contre le coronavirus, grâce à un masque doté d’une « technologie militaire » et d’un « filtre PM 2,5 composé de 5 couches ». Un jargon technique mais obscur qui n’augure rien de fiable. Idem pour Relaxsoin.fr, qui vend des « masques de prévention anti-poussières/pollution » dans sa « collection soin », une « offre exclusive ». Fuyez. Madame R., qui a commandé le 26 février sur ce site, attend toujours son colis, et ne parvient pas à les joindre. Madame P., croyant acheter 98 exemplaires chirurgicaux sur Lamaisonducalot.com, a reçu un seul masque, décoré, et inefficace ! Nombre de ces sites frauduleux ont été créés au mois de février. Dans le pire des cas, vous ne recevez rien ; dans le meilleur, vous réceptionnez un produit qui ne correspond en rien à sa présentation en ligne. Et dans tous les cas, vous serez débité… et non remboursé ! Méfiez-vous aussi des annonces entre particuliers et gardez en tête que tous les masques ont été réquisitionnés par l’État. En effet, la vente de modèles FFP2 (avec valve) ou anti-projections (chirurgicaux), en France, est interdite, leur diffusion doit faire l’objet d’une ordonnance. Cette décision fait suite au décret du 3 mars 2020, qui exige la réquisition de tous ces types de masques auprès des fabricants et distributeurs, et ce jusqu’au 31 mai 2020. Les exemplaires que vous trouverez sur Internet, si toutefois vous les recevez, risquent de ne pas être efficaces. Même les pharmaciens ont été victimes d’escrocs qui ont usurpé l’identité d’une officine pour proposer masques et solutions hydroalcooliques, selon l’Ordre national des pharmaciens.

Autre source d’arnaque éventuelle : les gels hydroalcooliques, dont les prix ont été encadrés par le décret du 5 mars 2020 à la suite d’abus constatés (tarifs fixés de 15 à 40 € par litre, en fonction de la contenance du flacon). Méfiance tout de même, des produits à des prix bien au-dessus de la réglementation circulent encore sur Internet.

AUCUN REMÈDE MIRACLE CONTRE LE CORONAVIRUS

Des tentatives de phishing sont également à l’œuvre, via les boîtes mail. Notamment, un message, censé provenir du docteur Tal Zaks, indique qu’un vaccin a été découvert, mais que seules quelques personnes méritantes peuvent en bénéficier, le gouvernement ne souhaitant pas le rendre public. L’objectif : vous faire payer pour obtenir cet antidote, que vous ne recevrez jamais. Il s’agit seulement de vous soutirer de l’argent. Plus largement, méfiez-vous des sites vantant de prétendus remèdes ou produits miracle : lampes UV, faux médicaments…

Cédric O, le secrétaire d’État chargé du Numérique, met en garde la population contre de tels agissements. Il a réuni les acteurs du e-commerce pour lutter contre les fraudes en ligne afin de bloquer les contenus illicites. Il conseille sur Twitter d’« évite[r] certains sites, comme l’application Wish, particulièrement risqués et négligents sur le contrôle des produits vendus ». De telles ventes ne visent encore une fois qu’à vous extorquer de l’argent, et dans le cas où vous recevez des médicaments, ils pourraient s’avérer dangereux pour la santé. Pour l’heure, les recherches pour d’éventuels vaccins ou traitement continuent, et aucun traitement n’est en circulation.

ARNAQUES À DOMICILE

Certaines personnes malveillantes ont aussi profité de la crise sanitaire pour mettre en place des escroqueries à domicile. Sur les réseaux sociaux, les alertes s’accumulent. L’Agence régionale de santé des Pays de la Loire met la population en garde contre « des entreprises privées propos[a]nt des tests rapides d’orientation diagnostic Covid-19, notamment aux Ehpad ». Elle rappelle que de tels tests ne peuvent être exécutés que par les CHU de Nantes et d’Angers. La gendarmerie du Gers lance de son côté une alerte contre « des démarcheurs, prétendus employés communaux, proposant de désinfecter votre habitation suite à l’épidémie de coronavirus ». Il s’agit de cambrioleurs, qu’il ne faut surtout pas laisser entrer chez soi. L’alerte a été relayée par les gendarmeries de l’Ardèche et de la Gironde.

LA DGCCRF EN LUTTE CONTRE LES ESCROQUERIES

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a lancé un plan de lutte contre ces agissements. Elle procède à des contrôles de prix sur les gels hydroalcooliques et enquête sur les sites frauduleux pour « traquer les remèdes miracle ou produits dangereux »« Plusieurs milliers de produits ont été déréférencés à la suite de nos mises en garde, avec une réactivité variable selon les plateformes », précise-t-elle sur Twitter.

Elle invite tous les consommateurs ayant repéré une fraude à la signaler sur Signal Conso. Un formulaire de déclaration dédié au Covid-19 a été mis en place, afin de dénoncer des prix trop élevés, une vente de masques FFP2 ou chirurgicaux non autorisée ou une arnaque et publicité mensongère. Attention, comme le précise le service en ligne, « un signalement ne constitue pas une saisine formelle de la DGCCRF au sens de l’article L. 112-8 du code des relations entre le public et l’administration. Notre plateforme ne propose pas de suivi personnalisé de votre dossier ».

NOS CONSEILS

Si vous êtes victime d’agissements frauduleux, portez plainte. Également, en cas de phishing, contactez votre banquier afin qu’il surveille tout mouvement suspect sur votre compte bancaire.

Afin de prévenir toute arnaque, restez vigilant lorsque vous recevez des informations liées au coronavirus. Les produits miracle n’existent pas, pas plus qu’un vaccin. Fiez-vous aux informations officielles : sites du gouvernement, de votre Agence régionale de santé, de la DGCCRF. En cas de doute, un numéro vert a été mis en place pour répondre aux questions (0800 130 000).

Marie Bourdellès.

19 mars 2020

Produits défectueux rappelés par les fournisseurs

Afficher la liste mise à jour

16 mars 2020

Hépatite – Suspension de l’ulipristal.

Les patientes sous traitement doivent l’arrêter en raison d’un risque grave d’atteinte du foie, et contacter leur médecin pour un bilan hépatique.

 

Les femmes sous ulipristal (Esmya) pour des fibromes utérins doivent stopper leur traitement au plus vite, sous le contrôle du médecin qui l’a prescrit. La recommandation vient de l’Agence de sécurité du médicament (ANSM), et fait suite à la suspension européenne de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de la molécule. Les patientes courent un risque sérieux d’atteinte du foie, c’est pourquoi, même en l’absence de symptômes, elles devront subir un bilan hépatique dans les deux à quatre semaines après l’arrêt. En cas de signes inquiétants, comme une fatigue intense, le jaunissement de la peau et du blanc des yeux, des urines foncées, des démangeaisons, une douleur à droite de l’abdomen, des nausées, ou encore des vomissements, l’examen est à réaliser en urgence.

Ce n’est pas la première fois que l’ulipristal est sur la sellette. Une première alerte en 2017, venue des centres de pharmacovigilance français, avait conduit à sa suspension en février 2018. Des hépatites fulminantes avaient été relevées sous ulipristal, nécessitant dans quelques cas une transplantation. La molécule était revenue sur le marché en août de la même année, sous conditions de prescription : le médicament devait être donné pour un maximum de trois mois en préopératoire, le traitement au long cours étant réservé aux femmes ne pouvant être opérées. Malgré ces mesures, un nouveau cas d’hépatite fulminante et plusieurs cas d’hépatotoxicité ont été signalés, imposant l’actuelle suspension.

L’arrêt de l’ulipristal n’entraîne pas de risque majeur pour la santé des femmes concernées. Les fibromes utérins sont des tumeurs bénignes, qui impactent surtout le confort de vie en raison de saignements abondants lors des règles ou des douleurs qu’ils peuvent provoquer. S’ils sont trop gênants, la chirurgie est un recours envisageable. D’autres médicaments agissant sur la production hormonale existent, mais avec des effets indésirables parfois importants. La survenue de la ménopause signe en général la fin des ennuis provoqués par les fibromes !

Anne-Sophie Stamane.

16 mars 2020

Travaux de rénovation énergétique. Les sociétés les plus signalées dans les litiges traités.

Pour aider les consommateurs à éviter les entreprises adeptes des pratiques commerciales trompeuses en matière de rénovation énergétique, l’UFC-Que Choisir n’hésite pas à pratiquer le « name and shame » (nommer et dénoncer). Elle met à leur disposition la liste des sociétés qui provoquent le plus de plaintes dans ses associations locales. Cette liste est à jour à la mi-mars 2020.

 

En 2019, les associations locales de l’UFC-Que Choisir ont traité plus de 4 000 litiges, rien que dans le domaine de la rénovation énergétique. Si les consommateurs se sont plaints des pratiques de 1 045 entreprises au total, le nom de certaines revient beaucoup plus souvent que d’autres.

Le palmarès des sociétés qui causent le plus de litiges (voir encadré) compte celles qui suscitent au moins 10 fois plus de plaintes que la moyenne, qui s’établit à 3,5 par entreprise.

Ainsi Technitoit, numéro un de notre triste palmarès, suscite 28 fois plus de plaintes que ses pairs, c’est d’ailleurs une habituée de notre classement. Elle était numéro 2 en 2018 mais persiste dans ses mauvaises pratiques. Les associations locales de l’UFC-Que Choisir ont d’ailleurs plus de 600 dossiers à son sujet, ce n’est pas rien ! BT Concept eco, à nouveau dans la liste des « moutons noirs » de la rénovation énergétique même si elle ne tient plus le haut de l’affiche, totalise de son côté 464 dossiers, et Avenir Energie 320.

Group Solar et Objectif Economie ont chacune 17 fois plus de litiges que la moyenne, et leurs pratiques se dégradent par rapport à 2018, les plaintes les concernant ont fortement augmenté. Objectif Economie se dit pourtant détentrice des labels Qualisol, QualiPv et QualiPac qui mettent en confiance. Les organismes de certification seraient bien inspirés de faire du ménage.

À noter, l’entrée dans cette liste de deux sociétés dont le nom fleure bon les services officiels, qu’il s’agisse des instances européennes ou françaises. Elles se nomment en effet Conseil Europe Environnement et Agence française pour la transition énergétique. Avec de telles dénominations, il est facile d’obtenir un rendez-vous pour un audit ou un bilan énergétique gratuit au nom de l’Ademe, du ministère de l’Écologie, de l’Union européenne.

Mais toutes ces entreprises utilisent à peu près les mêmes méthodes commerciales, qui s’apparentent souvent à des pratiques trompeuses et déloyales. Tout commence en général par le démarchage téléphonique, où le télévendeur insiste jusqu’à décrocher un rendez-vous chez le client prospecté. Le commercial déploie alors tous ses talents, entre calculs de rentabilité qui font rêver, promesses de rendement impressionnantes, assurance de toucher des aides ou des revenus élevés. Évidemment c’est irréaliste, mais sur le coup le ménage est conquis, il signe.

Une fois qu’il a retrouvé ses esprits, annuler la commande n’est pas si simple. Les bons de rétractation peuvent être absents, ou les contrats antidatés. Et c’est souvent le moment où il découvre qu’il a souscrit un emprunt, ce que le démarcheur s’était bien gardé de lui préciser.

La DGCCRF a commencé à s’attaquer aux fraudes et aux pratiques commerciales trompeuses en matière de rénovation énergétique, mais les nombreuses plaintes que traitent les associations locales de l’UFC-Que Choisir prouvent que les entreprises qui démarchent ne sont pas pour autant découragées.

Le palmarès des sociétés qui causent le plus de litiges en matière de rénovation énergétique

1. TECHNITOIT
2. GROUP SOLAR
3. OBJECTIF ECONOMIE
4. AVENIR ENERGIE (MEDIA SYSTEME)
5. SIBEL ENERGIE (NJCE)
6. ENVIR (HD ENERGIE PRODUCTION)
7. FRANCE PAC ENVIRONNEMENT
8. BT CONCEPT-ECO
9. AGENCE FRANCAISE POUR LA TRANSITION ENERGETIQUE (AFTE)
10. SOLUTION ECO ENERGIE (SOLECO)
11. SVH ENERGIE
12. SWEETCOM
13. CAP SOLEIL ENERGIE
14. CONSEIL EUROPE ENVIRONNEMENT
15. ECO GROUPAGE

Élisabeth Chesnais – Matthieu Robin

16 mars 2020

Coronavirus – Hydroxychloroquine : faut-il croire au traitement miracle ?

Le président américain Donald Trump a déclaré y voir potentiellement « une des plus grosses révolutions dans l’histoire de la médecine ». Et un essai clinique a été lancé dimanche 22 mars, notamment en France, pour la tester sur des centaines de personnes infectées par le coronavirus. Son nom barbare est aujourd’hui sur toutes les lèvres : hydroxychloroquine. Décryptage.

 

Cette molécule, habituellement prescrite sous le nom commercial de Plaquenil pour traiter certaines maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde et lupus érythémateux) et pour prévenir des formes d’allergies au soleil, doit sa renommée actuelle au professeur Didier Raoult. Ce dernier, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, à Marseille, en est convaincu : la molécule peut, selon lui, traiter certaines infections au Covid-19.

Une conviction basée initialement sur les résultats d’essais cliniques menés en Chine avec une molécule proche, la chloroquine (un antipaludique), ainsi que sur deux tests in vitro (en tubes à essai, et non pas sur des animaux ou des patients), cette fois avec l’hydroxychloroquine. L’équipe du Pr Didier Raoult a elle-même, par la suite, mené un premier essai de traitement par hydroxychloroquine sur 24 patients, dont les résultats ont été révélés dans une vidéo diffusée le 16 mars dernier sur le site de l’IHU Méditerranée Infection : « Au bout de six jours, il y a toujours 90 % de patients qui sont porteurs [du coronavirus, ndlr], tandis que quand vous mettez du Plaquénil, au bout de six jours il n’y en a plus que 25 % », décrit le médecin, qui ajoute peu après que « si vous n’avez plus de microbe, vous êtes sauvé ».

La communauté médicale se montre cependant très prudente dans l’interprétation des résultats de cette étude, qui inclut un faible nombre de patients, et souffre d’une méthodologie peu rigoureuse : « Les patients du groupe témoin [sans hydroxychloroquine, ndlr] semblent avoir été recrutés de façon très différente de ceux du groupe hydroxychloroquine, ce qui rend la comparaison peu pertinente », écrit par exemple la revue médicale Prescrire. Dans sa vidéo, le PDidier Raoult explique en effet que les patients traités par Paquénil avaient été pris en charge par ses équipes, à Marseille, alors que les patients non traités auxquels ils ont été comparés avaient été admis dans les hôpitaux de Nice et Avignon. Au final, « jamais aucun pays au monde n’a accordé une autorisation de traitement sur la base d’une étude comme celle-ci », rappelait le ministre de la Santé Olivier Véran lors d’une conférence de presse.

DE NOUVEAUX ESSAIS LANCÉS

Pour savoir si l’utilisation de l’hydroxychloroquine est non seulement sans danger, mais peut véritablement sauver des vies dans la crise sanitaire actuelle, il faudra donc attendre les résultats d’essais cliniques plus rigoureux et de plus grande ampleur, qui viennent d’être lancés. Un essai européen, baptisé Discovery, qui vise à tester l’efficacité de cette molécule mais aussi de trois autres traitements médicamenteux (lire encadré), sur 3 200 patients (dont 800 en France) ; et un essai international, lancé par l’OMS et baptisé Solidarity, qui testera les mêmes molécules, ainsi que la chloroquine. « Nous aurons des études solides qui nous diront si, oui ou non, c’est un bon traitement d’ici à 15 jours », a déclaré Olivier Véran, samedi 21 mars.

En attendant ces résultats, le Haut Conseil de la santé publique recommande de ne pas utiliser ce traitement, « à l’exception de formes graves, hospitalières, sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte ». Une précaution qui s’explique probablement par le fait que, comme le rappelle le Dr Cyril Vidal, médecin et président du collectif FakeMed, qui promeut une médecine basée sur des preuves scientifiques, « utiliser un traitement inutile fait courir le risque d’exposer l’ensemble de la population à des effets indésirables, et de mettre en péril les recommandations d’hygiène pour prévenir la diffusion de l’épidémie […], ce qui est plus grave si le traitement s’avère inefficace ».

QUID DES AUTRES MOLÉCULES ?

Une combinaison de deux traitements du VIH, avec ou sans ajout d’un immunomodulateur, et un traitement expérimental initialement développé contre Ebola : voilà les trois traitements médicamenteux qui vont être testés sur des centaines, voire des milliers de patients à travers le monde, dans les prochaines semaines, en parallèle de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine. Tous ont d’ores et déjà montré une efficacité lors de tests in vitro, et fait l’objet de premiers essais cliniques de taille plus modeste. Plusieurs essais de vaccins préventifs ont également été lancés dans le monde, mais les premiers résultats n’arriveront pas avant plusieurs mois.

 

Elsa Abdoun

16 mars 2020

Covid 19: La cause consumériste

Face à la situation de guerre contre le Coronavirus, le Président de la République a annoncé la discussion d’une loi d’habilitation pour que le gouvernement puisse prendre par ordonnances les mesures d’urgence. Si le caractère exceptionnel de la situation peut justifier un tel procédé, encore faut-il que, face au lobby de certains professionnels, certaines des mesures prises ne soient pas une épidémie de reculades pour les droits des consommateurs.

On peut penser, en premier lieu à ceux confrontés aux annulations en série de leurs voyages… Alors que la Loi prévoit un droit au remboursement des victimes de telles annulations, des voix s’expriment pour exiger, comme en Italie, une suppression de ce droit au profit d’une possibilité d’un report… Pourtant ce dernier n’est pas toujours possible en raison d’un nombre de congés limité ou encore de la saisonnalité de certaines destinations ou tout simplement de voyages particuliers qui, décalés dans le temps, perdent leur raison d’être…

Dans un esprit constructif, et de responsabilité, pour éviter que le secteur du Tourisme ne soit trop fragilisé, l’UFC-Que Choisir serait prête à accepter que soient promues des alternatives au seul remboursement, si tant est qu’elles soient praticables et crédibles. Elles pourraient, par exemple, prendre la forme d’un avoir du même montant que le prix du voyage, valable sur une longue période (18 mois minimum) ou d’un report sur cette même période, avec un remboursement de 10% du prix. Aux professionnels de trouver les moyens d’inciter les consommateurs à privilégier ces options remplaçant le remboursement. Mais en toute hypothèse, le choix de ce dernier doit toujours être possible pour le consommateur. Cette solution médiane, qui fait aussi appel au sens de la responsabilité des consommateurs qui auront à cœur de ne pas compromettre l’existence d’un paysage diversifié de voyagistes, doit prévaloir à toute remise en cause de droits légitimes.

Le Président de la République a également annoncé une série de mesures d’urgence pour soulager financièrement les entreprises, avec la « suspension des factures d’eau, de gaz ou d’électricité ainsi que les loyers », mais quid des consommateurs dont les revenus vont être imputés par la crise ? Pour atténuer ce choc budgétaire, il est indispensable que les ménages concernés puissent reporter ou moduler leurs échéances de crédit immobilier et que les frais d’incidents de paiement soient suspendus….

Bref, si le mot d’ordre actuel est « restez chez vous », la cause consumériste, elle, ne saurait « rentrer chez elle ».


Source: UFC Que Choisir en ligne .

Publié le: 23/03/2020 –  Alain Bazot

14 mars 2020